Barres glacées, barres rocheuses et barres tendres
T’as-tu bien ta tuque ? T’as-tu bien pogné tes bas ?
Tabarnak, t’es-tu donc prêt pour los Glaciares !
Barres glacées
Le parc de Los Glaciares protège de grands… glaciers. Le plus connu d’entre eux est le Perito Moreno, non parce qu’il est le plus grand, mais il possède la particularité d’avancer en se jetant dans un lac, d’y perdre des tonnes de glace et de le faire à quelques mètres d’une colline d’où l’on peut observer le spectacle en toute sécurité.
On accède au Perito Moreno depuis la ville de El Calafate en se joignant à un groupe en bus, ou en louant une voiture. Un couple de Québécois francophones, Alexandra et Philippe, nous propose une alliance transatlantique pour cette seconde option. Ils prétendent avoir fait le « grand circuit » des Torres del Paine quelques jours avant nous et gagnent ainsi notre confiance, malgré leur apparence peu fréquentable.
Nous passons donc la journée à quatre dans le parc Los Glaciares. On dirait un peu un « Iguazu de glace » ; à savoir, un parc un peu cher, très aménagé, ultra-fréquenté… mais magnifique. Après les merveilles de Torres del Paine, on retrouve la même immensité que le Glacier Grey, la même activité que le Glacier del Frances, mais le tout observable de très près.
Les séracs* qui se détachent du bout du glacier et tombent dans le lac font un impressionant vacarme. Ils laissent apparaître une glace vierge, très bleutée, avant qu’elle ne fonde elle aussi au soleil pour devenir plus blanche.
Il en tombe de façon irrégulière, environ tous les quarts d’heure. Le site étant assez bien aménagé, on en profite sous différents angles et sans trop subir la foule.
Bien entendu, les chutes les plus impressionnantes ont lieu lorsque nous avons le dos tourné ou sommes bloqués derrière un arbre : calisse ! Mais n’ayant aucune contrainte horaire, nous y passons la journée entière et aurons notre lot de spectacle.
Nous en profitons aussi pour réviser le Québéquois et l’humour Québéquois.
Nous fêtons la fin de journée par une dégustation de glaces artisanales (logique) puis la préparation de gougères, un plat bien de chez nous !
Barres rocheuses
Le même parc de Los Glaciares se prolonge au nord vers la ville de El Chalten, beaucoup plus sympa et paisible et pour cause : il faut marcher un peu pour atteindre les stars du coin, les pics du Fitz Roy et Cerro Torre.
Alexandra et Philippe (appelons-les Alex et Phil) se joignent à nous pour approcher ces sommets mythiques, toujours entourés de jolis glaciers. Nous les trouvons un peu collants, mais leur français approximatif et maladroit est tellement touchant pour nous qu’on parle le bon Français ! Et puis ils sont un peu jeunes et méritent qu’on leur apprenne quelques trucs de randonneurs aguerris.
C’est donc parti pour quatre jours de rando à quatre. La marche démarre directement de la ville, c’est pratique ! Première étape après une demi-journée de marche : Campamento de Agostini.
Au petit matin nous grimpons au Mirador de Maestri, d’où on a une vue imprenable sur le Cerro Torre… sauf le sommet qui restera désespérément dans le nuage. On devine pourtant le champignon de glace qui loge en haut de la falaise à 3100 mètres d’altitude.
Pour l’anecdote, l’alpiniste Cesare Maestri fut le premier à gravir ce pic en 1959. Ou du moins, c’est ce qu’il prétendait, puisque son coéquipier fit une chute mortelle… l’appareil photo en poche ! Voulant lever le doute définitivement, Maestri fait une nouvelle ascension en 1970. Il s’arrête sous le glacier sommital estimant qu’il est arrivé et qu’il n’a plus rien à prouver. Patatras !! Le monde de l’alpinisme estime s’être fait niaiser, voire enfurouaper**, Maestri est humilié.
En ce qui nous concerne, nous partons humblement vers un autre campamento, Poincenot. Le chemin est très sympa et le ciel magnifique : les nuages font des formes très surprenantes.
Cette fois nous sommes au pied de la falaise du Fitz Roy, rappelant les fameuses Torres. Et pour cette autre paroi mythique, nous allons remettre le réveil : départ dans la nuit et arrivée pour les premiers rayons, depuis le point de vue de la Laguna de Los Tres. C’est toujours un plaisir de voir 2000 mètres de caillou irradiés par une lumière rougeoyante !
Nous quittons ensuite la zone la plus fréquentée du parc pour filer au nord. Le chemin serpente entre d’incroyables blocs cubiques d’une dizaine de mètres de haut. Nous dînons*** devant le superbe glacier de Piedras Blancas et le lac du même nom, regardant les séracs tomber. Avouons-le, la cohabitation franco-québecquoise se passe plutôt bien !
Quelques heures de marche plus tard nous arrivons au refuge de Piedra del Fraille où nous plantons les tentes (« Vaillante » accompagnée du « Poulpe ») à l’abri d’un vent violent…
Le troisième jour notre but est de grimper les 1500 mètres nous séparant du Cerro Electrico et son point de vue sur le Fitz Roy. La montée, bien raide, permet d’atteindre un joli cirque de falaises. Les garçons tentent la dernière ascension dans la neige, jusqu’à croiser un groupe encordé et équipé de piolets et de crampons. Le sage Olivier réfreine alors les ambitions inconscientes du jeune Phil et impose un demi-tour pour… confronter les techniques alpine et canadienne de luge postérieurisée.
Barres tendres
Nous faisons notre dernier bivouac « à la sauvage », au milieu d’une jolie forêt de vieux hêtres.
Sur le chemin du retour, deux alternatives : un détour par un chemin carrossable ou un raccourci à travers champs. Après parlementations, les hommes viriles optent pour le passage le plus direct, les faibles femmes choisissent évidement la facilité du détour balisé. Les hommes proposent un pari pour pimenter la course.
Après la traversée d’une rivière et d’un marécage plein de buissons épineux, les aventuriers rejoignent rapidement le chemin… et trouvent les filles (qui ne transpirent même pas…) qui les y attendent…
De retour à El Chalten, rituel de la glace artisanale avec 250 grammes chacun. Mais au camping de El Chalten, les perdants sont de corvée !
Puis les deux maudits Québéquois (prononcer « môôdzits ») nous font découvrir leurs barres tendres : les barres de céréales à la Québéquoise, et maison, s’il vous plait !
Ça goûte vraiment bon**** alors nous retenons l’idée… et la recette !
* blocs de glace
** « s’être fait avoir » en Québécois
*** « déjeuner »
**** « ça a vraiment bon goût »
Olivier n’a donc rien appris dans le Kerry… 🙂
Ça fait plaisir de voir que tu as vu la référence 😉
Bravo pour ces magnifiques images ! Le bleu est splendide, magnifique !
Vous semblez minuscules dans ce décor, même à quatre !
Parenthèse solidaire : BRAVO LES FILLES !!! WAOUH !! QUELLE VICTOIRE !! j’espère qu’il y avait beaucoup de vaisselle !!
Bises à vous deux (mais si à toi aussi Olivier !)
c’est très beau
et c’est à quelle altitude tout ça ?
bises
cécile
Sublimes photos !
La petite révision de vocabulaire et expressions québécoises est la bienvenue, tabernac.
La joie de la contemplation se lit sur le visage de Céline devant le glacier Piedras Blancas,impressionnant…
Quant aux chaussures d’Olivier… Souhaitons leur de tenir le coup jusqu’au bout du périple, mais je ne jurerais pas qu’elles en prennent le chemin.
Le logopède est superbe, on dirait qu’il a des ailes en dentelle.
Encore merci pour ce long et bel article.
Petite erreur dans mon commentaire :
« le lagopède est superbe » et non « le logopède est superbe ».
Déformation toute professionnelle !
Bonjour les Français,
Bien contente de voir votre blog et vos merveilleuses photos de montagnes et de glaçiers. Juste pour vous dire que si vous désirez la recette origilnale des barres tendres québécoises, c’est à moi qu’il faut la demander. La véritable recette contient des graines de lin. Je vous souhaite beaucoup de chance dans votre aventure et dites bonjour à mon garçon et à Alexandra si vous les retrouvez à nouveau. Bye !
Chers tous,
voici quelques reponses a vos interrogations ou remarques.
Non, decidemment Olivier n’a rien appris de son dernier raccourci dans les buisssons epineux (il persiste a rester en short). Pire, il fait des paris ! Ce qui n’est pas pour nous deplaire… mais nous avons ete clementes, car nous avons opte pour une pizzeria.
L’altitude de ces sommets est « seulement » de 3375 m !
Notre premier commentaire quebequois nous fait crissement plaisir. Nous avons deja opte pour l’ajout de graines de lin qui rajoutent du croquant. Et demain, notre planning inclut la preparation d’une nouvelle fournee…
c’est vraiment magnigique ! je suis bien contente pour vous 🙂