Gunung Rinjani
Imaginez une île. Au milieu de cette île, une caldera qui résulte de l’effondrement d’un volcan qui faisait autrefois plus de 5000 mètres.
Au milieu de cette caldera (l’immense cratère), imaginez un lac.
Au milieu de ce lac, un autre volcan.
Et au milieu de ce volcan… de la lave en fusion !
La vérité est ailleurs
Une nouvelle fois sur les conseils de Marie Claire, notre consultante en tour du monde, nous voulons faire l’ascension du Gunung Rinjani, un somment de 3726 mètres au centre de l’île de Lombok. Selon le Lonely Planet et les nombreux « guides » qui nous interpellent, il semble qu’il soit obligatoire de partir avec guides et porteurs et délestés d’une bonne centaine d’euros par personne, pour 2 jours. Après une journée à Senaru, la ville de départ, et une dicussion avec la seule personne honnête de la ville (Ari, un des employés du parc), nous finissons par apprendre que c’est seulement « conseillé » (par sécurité, parce que le chemin est très dur à suivre, bla bla bla). Il y a quand même un paquet de menteurs et d’arnaqueurs en Indonésie et en particulier sur Lombok : ça commence à être fatiguant.
Gregor nous rejoint une nouvelle fois et nous partons avec nos 7 euros de nouilles chacun et nos tickets d’admission au parc à 15 euros.
Dur !
La première journée sera une sacrée mise en jambes : 2000 m de montée avec nos -très lourds- sacs sur le dos, dix heures d’affilée.
Mais quelle récompense ! La vue du haut du cratère est à couper le souffle (c’est vrai que nous n’en avons plus beaucoup, mais ça n’a rien à voir). Sept cent mètres plus bas, un immense lac remplit la caldera qui fait quand même ses 15 km de diamètre. Et au milieu du lac… un volcan, le Gunung Baru de nouveau actif depuis trois semaines seulement.
Les bruits de tonnerre que nous entendions déjà 2000 m plus bas prennent tout leur sens : nos sacs à peine posés, nous sommes accueillis par un gros panache de fumée et deux secondes plus tard l’énorme explosion… intimidante !
La nuit, environ toutes les deux heures, nous serons réveillés par ces explosions tonitruentes et nous verrons la lave jaillir du cratère, parfois accompagnée d’éclairs d’un orage lointain : ici, la nature nous remet à notre place !
Gâchis
Pourtant il y a une petite ombre au tableau : le monde. Une quarantaine de personnes au moins profite du spectacle avec nous. Les touristes, souvent en short et tongues, sont péniblement arrivés en haut avec leurs guides et porteurs. Le problème c’est que ces derniers, en plus d’être bruyants (nous sommes en Asie), sont particulièrement dégueulasses.
Pour le Rinjani, il y a la théorie :
(« ne laissez que vos empreintes, ne prennez que des photos, n’utilisez que l’air frais »)
…et la pratique :
Les groupes laissent derrière eux toutes sortes de déchets, en particulier des bouteilles plastique et des emballages, les gens font leurs besoin n’importe où, si possible aux endroits parfaits pour poser une tente, et enfin les porteurs font deux feux par jour : ils coupent toutes les branches vertes qu’ils trouvent, et à presque 3000 m d’altitude il n’y en a pas beaucoup.
Le lendemain matin, ce spectacle nous désole et nous laissons tout le monde partir pour apprécier la vue dans le calme, seuls. Nous descendons ensuite dans la caldera pour rejoindre le bord du lac. Nous ne nous lassons pas de la vue, ni des explosions qui nous surprennent et nous glacent le sang !
Arrivés au bord du lac 4 heures plus tard, nous décidons d’y bivouaker. La première journée nous a vraiment crevés et puis il faut dire que l’endroit est génial, si proche du volcan. En autonomie on est peut être plus lent, mais on choisit où s’arrêter !
Bonus
La vue sur la caldera, le volcan qui crache à moins d’un kilomètre, le lac paisible ne suffisaient pas à faire de cet endroit un paradis, il manquait ça :
Un massage chauffant sous la forme d’une cascade d’eau -vraiment- chaude.
Une nouvelle fois la nuit sera rythmée par les explosions et nous profitons vraiment d’une vue imprenable sur les blocs de lave expulsés. En l’état actuel les rochers bouillants restent à bonne distance mais en théorie, l’endroit n’est pas sans danger.
Il y a 15 ans, le lac a été sacrement réduit par la naissance du nouveau cratère :
Ce jour là, mieux valait camper ailleurs !
Vraiment difficile de quitter le campement au matin du troisième jour : c’était sans doute le bivouak le plus incroyable que nous ayons fait !
Nous montons quelques 600 m peu praticables jusqu’au « camp de base » du Rinjani. Comme les jours précédents nous croisons quelques groupes qui sont ébahis de nous voir marcher avec nos gros sacs.
Ceci dit, la rando est physique : certains boitent, beaucoup nous mettent en garde sur la difficulté. Pour nous ça reste une rando assez classique, si ce n’est le premier jour. Soit ces gens ne sont pas préparés, soit nous commençons à avoir une sacrée forme. En fait, sans doute un peu des deux…
Au camp de base c’est toujours le même constat de saleté mais nous arrivons à trouver une place à l’écart. Nous méditons quelques heures en obsevant les nuages… vus de dessus.
Sommet
L’asension du Rinjani commence à 3 heures du matin le quatrième jour. Le sommet est en fait un volcan éteint, en bordure de la caldera.
Comme pour le Semeru la marche avec les gros sacs nous a mis en forme : nous avalons les 1000 m dans les graviers en à peine 2 heures, en avance pour le lever de soleil. Heureusement nous voyons une dernière explosion de lave pour nous faire patienter. Quand la lumière arrive, le panorama tient ses promesses : nous voyons Bali, Sumbawa, et bien sûr la caldera et le Gunung Baru, 1700 m plus bas.
Seuls une dizaine de marcheurs profite du spectacle : les 20% restants ont abandonné. Une nouvelle fois nous les laissons repartir premiers pour profiter de notre planning à la carte. Nous restons deux heures sur la crête, voyant les teintes noires, rouges et jaunes apparaître. C’est amusant de découvrir un sentier que nous n’avons fait que de nuit !
Toutes les bonnes choses ont une fin
De retour au campement nous décidons à contrecœur qu’il est temps de rentrer. La descente nous prendra plus de 5 heures et mettra nos genoux à rude épreuve.
Seize heures après le réveil, retour à la civilisation : motos, muezin, prix multipliés, négociations sans fin ; la parenthèse se referme.
Mais promis, on y retournera !
Encore une fois un vrai régal. C’est appréciable de pouvoir vous suivre (presque) pas à pas… Et pas n’importe quels pas !
Et un fou rire sympathique devant la photo d’Olivier sous la cascade : ce ne doit être que la 100000ème photo (à moins que ce ne soit la 100101) d’Olivier plongé dans un torrent, un lac, au pied d’une cascade… Olivier, à l’inverse des gobies et périophtalmes, dont les nageoires ressemblent de plus en plus à des pattes , tes bras et tes jambes ressemblent-ils de plus en plus à des nageoires ? Tes branchies ont-elles totalement évacué les vapeurs sulfureuses des jours précédents ?
Un carton rouge aux touristes qui laissent leurs déchets derrière eux, sagouins ! Finalement, il n’y a pas qu’en France que l’on trouve ces pratiques fort inciviles et si peu respectueuses de la beauté de la Terre.
Continuez à vous remplir les yeux et la tête des merveilles de notre planète.
A bientôt.
Par quoi commencer..?
Le récit est comme d’habitude intéressant,amusant et plein de vie !
Les photos, malgré ma recherche récente de vocabulaire, me laissent sans voix !
L’autre chose qui me laisse sans voix est le traitement ,encore une fois, infligé à notre pauvre petite planète qui pourtant nous accueille si bien… Tristesse
La remarque suivante est plus personnelle, je commence à m’inquiéter de votre « trop bonne » condition physique à tous les deux ! Je marche 30 à 45 minutes tous les soirs et remonte une grande série d’escaliers mais je crois que ça ne va pas suffire!
Olivier je t’ai à peine reconnu sur la photo, avec cette barbe, tu as abandonné l’informaticien pour révéler un véritable aventurier !
Sinon ça doit te changer d’être dans de l’eau très chaude pour une fois !! Fais quand même attention à ne pas prendre trop goût au confort !!Je vous fais des bises à tous les deux et je crois que je peux dire à bientôt maintenant ! 😆
Waou: que de souvenirs. j’y étais en mai 2009, mais malheureusement sans avoir fait le sommet. L’arrivée et la vue sur le lac est aussi un de mes meilleurs souvenirs! On avait fait avec guides, et je pense que vous avez très bien fait de vous en passer. Dans mon souvenir par contre ce n’était pas trop sale, donc soit ca s’est dégradé, soit fin juin le taux de fréquentation est plus important. et effectivement vous devez tenir une sacré forme après tout le dénivelé que vous avez bouffé en quelques mois!
bisous.
Delph.
Décidément on y prend goût à ce reportage quasi quotidien. C’est comme le 20 minutes dans le métro, quand il n’y en a pas on est super déçu; Continuez de nous faire rêver avec ces récits et ces photos « hallucinantes »!
A bientôt!
J’imagine que la forme est due à un début de mutation dans les jambes 😉
Pour ce qui est des touristes, malheureusement je crois que c’est partout pareil ! Continuez à montrer le bon exemple…
Coucou a vous,
Content que vous vous soyez bien regale!
Je sais pas si vous vous rappelez de moi, le photographe vu a Mataram dans cette jolie petite Guest House, Oka Homestay.
D’ailleurs j’attends toujours la photo de nous 4 avec Muriel, 😉
De mon cote je m’etais arrete au cratere Rim et j’etais monte la haut seul avec mon sac mais un porteur pour la tente et le repas. J’ai ameliore mon indonesien du coup. C’etait sympa.
Bonne route
P.S: J’ai mis un message sur la Papouasie nouvelle Guinee sur mon site si vous voulez aller voir
Superbe !
Je me verrais bien au bord du lac, à guetter les explosions du Rinjani.