Vallée et retour
On ne demande pas grand chose : juste une rando de quatre jours, avec du beau temps, de jolis paysages, pas grand monde, un peu d’aventure mais pas trop.
Malédiction ?
Demain nous démarrons enfin notre belle rando de trois-quatre jours en montagne. Tout est prévu : le matériel, les « tickets de hutte », la carte et surtout nous avons écouté les conseils du DOC, qui disent à peu près que c’est le seul endroit en Nouvelle-Zélande où l’on peut randonner à cette période sans risquer de se faire ensevelir sous une énorme avalanche ou une coulée de boue.
Mais nous sommes au départ de la rando et croisons un vieux randonneur solitaire que nous interrogeons immédiatement. Il nous apprend que le point culminant de la boucle est sous plus d’un mètre de neige, qu’un randonneur l’a tenté une semaine avant et qu’il a mis trois heures pour vingt minutes prévues et qu’un groupe y a renoncé ce matin même.
C’est y pas formidable ça comme nouvelle ?! La seule rando en montagne disponible cache un passage quasi-infranchissable !
Col blanc
Même pas peur. Nous décidons, le jour J, de nous attaquer au gros morceau en premier.
Après la traversée d’une première belle forêt nous attaquons donc la montée vers le col de Caples (Caples Saddle) sous un temps très moyen : brouillard, vent, pluie et un peu de neige… le sol est d’abord très « liquide » puis il faut chercher le sentier au milieu des racines. Ça monte très raide au milieu des arbres et c’est peu praticable. Les 350 mètres de montée sont bien creuvants. En contrepartie il y a une sacrée atmosphère dans cette sombre forêt pleine de mousse !
Arrivés au niveau du col il faut faire une petite pause car le vent de face se fait plus violent et cette fois il neige vraiment ! À quelle sauce allons-nous être mangés ?
Nous commençons la traversée du col et… c’est finalement très facile.
Certes, on marche dans la neige. Mais elle est peu profonde et légère et on voit assez bien le chemin en planches de bois (c’est à double tranchant : sur l’Overland Track – voir épisodes précédents – il y avait trop de neige et à tout moment on pouvait mettre un pied dessus, un a côté… avec à la clé une chute assurée. Ici, c’est top). La neige qui tombe n’est pas trop humide, nous ne sommes donc pas trop trempés. Du coup on profite du paysage et c’est somptueux. Là encore, le mauvais temps crée une sacrée ambiance, c’est l’avantage !
On commence alors la descente le long d’une gorge bleue-grise. Puis on entre dans la forêt de hêtres, toujours très mousseux. La rivière descend avec nous et se fait de plus en plus large. Elle est maintenant pavée de cailloux d’un très beau bleu-vert. Nous la traversons un certain nombre de fois, zigzagant entre les arbres eux même très verts et couverts de mousses et de lichens verts, c’est… beau.
Par contre la première hutte que nous visons ce soir n’en finit pas de se faire attendre. Et la pluie, elle, tombe de plus belle. Après plusieurs heures sur un faux plat, nous sommes crevés, nos genoux en vrac, et nous sommes complètement trempés. Alors, arrivés avec la nuit à Upper Capples Hut, aucun doute permis : on laisse la tente dans le sac à dos et on dort au chaud !
Nous retrouvons le même type de hutte que sur la rando d’Abel Tasman, en un peu moins « luxueux ». Ici il faut savoir allumer un feu et surtout faire brûler du bois mouillé. Mais c’est quand même assez propre, spacieux. Sur cette rando, nous trouverons exactement les mêmes bâtiments pour les autres huttes : elles ont sans doute été amenées en hélicoptère.
Le deuxième jour, nous trouvons enfin le beau temps qui nous avait été promis ! Au point que nous arrivons à faire sécher les affaires de la veille… nous profitons enfin de la Nouvelle-Zélande comme nous l’espérions : de grandes vallées alpines, de belles rivières, des sommets saupoudrés de neige, et des arbres parfois étranges, toujours encombrés de mousse et/ou lichens. Quelle bouffée d’air !
Au fil de l’eau
Cette boucle consiste à descendre une première vallée (Caples) et remonter par une seconde (Greenstone). Nous continuons donc à voir grossir la Caples River, c’est sympa de se rappeler que nous l’avons connue alors qu’elle n’était qu’un petit ruisseau, qu’est-ce qu’elle a bien grandi !
En atteignant les clairières nous observons quantité de Paradise ducks. Ils vivent toujours en couple et sont faciles à reconnaître : le mâle est tout noir, la femelle est beige à tête blanche ! Nous croisons aussi quelques oies sauvages. Enfin, des mouettes nous survolent : c’est perturbant car on se croirait dans les Alpes, mais finalement on est si près de la mer…
Nous retrouvons la forêt en démarrant la remontée de la Greenstone Valley. Nous faisons la connaissance de petits oiseaux qui viennent nous voir de très près sans même chercher de la nourriture, juste avec un regard très curieux.
Après trois heures à espérer une clairière… nous sortons enfin Vaillante (mais oui, notre tente ! Voir un épisode précédent) et campons dans un spot… plutôt correct !
Réveil dans la rosée. La troisième journée est toujours dans la même ambiance bucolique, sous un incroyable soleil. Nous ne croisons personne durant les 8 heures de marche, hormis quelques moutons.
La rivière Greenstone porte bien son nom, surtout au niveau de petites gorges bien vertes. La pierre verte dont on parle ici est la jade : les Maoris visitaient cet endroit pour en ramasser et fabriquer des bijoux dont ils faisaient commerce.
Dans la forêt, au détour d’un virage… ça :
Les restes d’une bien belle avalanche. On ne s’attend pas en voir une ici, elle doit venir de sacrément haut ! Comme quoi il n’existe pas de risque zéro… Nous discutons un peu plus tard avec d’autres randonneurs qui nous racontent qu’un monsieur était très remonté contre le DOC qui lui avait assuré qu’il n’y avait pas de danger. Voilà justement une dérive que nous craignons avec le « sur-encadrement » du DOC : des personnes qui s’imaginent que la montagne peut être contrôlée ou prévisible et qui veulent vivre la rando « clé en main »…
Deuxième bivouac somptueux en fond de vallée. Quatrième jour et nous remontons toujours la vallée en traversant des zones de végétations variées.
Un peu plus haut une partie du chemin est un vrai marécage, il faut savoir faire de judicieux détours !
Nous bouclons la boucle aux alentours du lac Mc Kellar, puis décidons de nous dérouiller les jambes par un petit détour par Key Summit. Oui, le superbe point de vue que nous n’avions pu découvrir que sous un épais brouillard.
C’est vrai qu’avec un grand soleil, c’est pas mal non plus.
On voit pourquoi ça s’appelle Southern Alps, c’est étonnament montagneux et jeune.
Chaque fois que l’on voit vos chaussures, elles sont soit complètement trempées, soit complètement boueuses, soit les deux et la photo des chaussures qui sèchent ne compte pas désolé !
Ça c’est terminé comment les marécages ? Sur deux photos ça à l’air un peu sans issue !
Olivier tu n’as pas peur de retrouver la photo de super duvet partout sur le net quand tu reviendras ?
PS: Cool, merci Joomla, on peut changer son pseudo en forçant une re-inscription. Ça m’inversait nom d’utilisateur et pseudo.
Que dire ?
Bravo pour les photos, les textes et tout ce qui va avec !!
9a fait plaisir d’avoir des photos de vous !!
Non pas qu’on oublie vos têtes mais c’est sympa de les voir dans un joli décor !
Pour ce qui est de super duvet… Une question se pose à moi… Il m’avait lui même assuré ne pas sortir la journée puisque son travail consistait en surveiller les nuits des dormeurs…
Alors que fait-il dehors en plein jour…
Cela dit, j’avoue que certains matins il me manque super duvet, sniff, je savais que je pouvais compter sur pour me faire lever grâce à son super pouvoir d’ennuyeur pour ne pas dire plus !!
Vive les plumes et les fibres creuses !!
Bisous à vous deux !!
Retour d’Athènes. Trois articles ont paru pendant notre absence, et quels articles ! Photos somptueuses, paysages grandioses, et vous au milieu, ce qui ne gâte rien.
Merci encore !